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Canicules et vagues de chaleur, quel impact sur les prix de l‘énergie ?

Quentin Duval
Quentin Duval
2024-07-29
soleil
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Plusieurs régions du monde ont connu des vagues de chaleur sans précédent ces derniers mois. De l’Inde, aux Etats-Unis en passant par le Mexique, le thermomètre affichait sur plusieurs jours des températures supérieures à 45°. En conséquence, l’usage de climatiseurs et de systèmes de refroidissement devient plus fréquent et entraîne une augmentation de la consommation électrique, une tendance à surveiller pour l’avenir. 

Avec l’arrivée des pluies, les habitants de New-Delhi, Karachi ou Mexico respirent un peu mieux. Dans ces mégapoles situées sous les tropiques, les températures excessives des mois de mai et juin ont conduit à un essor de la consommation électrique. En cause, “l’effet climatiseurs et ventilateurs”.


Le 30 mai 2024 l’Inde a connu un pic historique de sa consommation électrique avec 250 GW utilisés. Le mercure affichait 49° dans la capitale ce jour-là. 

60% de la population mondiale serait touchée par ces vagues de chaleur extrêmes et parfois mortelles. Avoir accès à un système de refroidissement est donc primordial d’abord pour une question de santé publique. Pour faire face à ces besoins électriques grandissants, le géant asiatique a décidé d’avoir davantage recours au gaz. 

La production d'électricité issue de ce combustible a doublé en avril et en mai par rapport à la même période l'année dernière, pour atteindre 8,9 milliards de kilowattheures (kWh), selon les données de Grid India, l’entreprise publique de production et distribution.

Le gaz représentait 3,1% du mix énergétique en mai 2024 contre 1,6% en mai 2023. Le ministère de l’énergie indien prévoit une hausse de 19% des importations de Gaz naturel liquéfié (GNL) en 2024, alors que le pays est déjà le quatrième importateur mondial. 

Quel impact sur les prix de l‘énergie ?

La stratégie indienne de recourir au gaz pour couvrir les pics de consommation conduit à des envolées ponctuelles des prix sur les marchés spots européens. En mai et juin les prix moyens sur les marchés spots EEX étaient respectivement de 31,63€/MW et 34,30/MW, soit une augmentation de 5 à 8% par rapport à l’année dernière. 

De l’autre côté de la planète, l’agence sur l’information énergétique américaine (EIA) annonce des tarifs d’électricité gonflés de 3% entre juin et août 2024 à cause de la chaleur estivale. 

En France, l’impact sur la facture est limité grâce à la suspension de la majoration, prévue le 1er août, de l’accise sur l’électricité (ex-CSPE). Le ministère de l’économie a indiqué ne pas souhaiter, «pour une raison de lisibilité, qu’il y ait des hausses puis des baisses importantes des tarifs», défendant la «cohérence» et la stabilité des prix.

Malgré des besoins croissants, les cours semblent plutôt stables tant pour le gaz que pour l’électricité au cœur de l’été.

Au 22 juillet 2024, les prix du MWh de gaz pour les différentes années de livraison sont de :

  • Cal-25 : 35,88 €/MWh
  • Cal-26 : 32,16 €/MWh

Et le suivant pour l’électricité : 

  • Cal-25 : 76,06 €/MWh
  • Cal-26 : 66,34 €/MWh

À date, les tarifs du gaz sont structurellement à la baisse grâce à des stocks importants en Europe (74%) et une production américaine et norvégienne soutenue. 

La France ne connaît pour l’instant pas de pic de consommation avec un été plutôt clément. Des épisodes précédents ont pourtant secoué les installations électriques. Lors de la canicule en 2022, la demande énergétique a augmenté de 5 à 10% par rapport aux normales saisonnières. 

L’été, un degré au-dessus des normales se traduit ainsi par une consommation électrique supérieure de 700 MW. En cas de forte chaleur, RTE est contraint de limiter le flux d’électricité sur les lignes à haute tension. Le refroidissement des réacteurs nucléaires devient difficile avec une température plus élevée dans les cours d’eau voire un débit limité.

Dans un souci de protection de l'environnement, l'entreprise doit aussi limiter son rejet d’eau chaude pour ne pas affecter la faune et la flore des rivières. Qui dit manque d’eau, signifie aussi une production hydroélectrique au ralenti. 

Ces épisodes caniculaires causés en partie par le phénomène de réchauffement du Pacifique, el Niño, sont amenés à se reproduire avec le dérèglement climatique. L’usage d’énergies fossiles comme le gaz, le charbon ou le pétrole, notamment pour pallier les pics de consommation en cas de forte chaleur accentue le phénomène et crée un cercle vicieux. 

Des besoins en électricité croissants, été comme hiver

Dans un rapport publié en 2023, l’agence de l’environnement et la maîtrise de l’énergie (Ademe) indique qu’environ 11% des logements sont équipés d’un climatiseur et que 25% des ménages disposent de “solutions actives de rafraîchissement”. Si les climatiseurs, notamment les solutions air/air consomment beaucoup moins qu’avant (58 KWh/an en moyenne) leur usage doit être raisonné. Ils seraient responsables de 5% des émissions de CO2 du secteur bâtiment, avance l’agence gouvernementale. 

L’isolation est aussi un enjeu important pour faire des économies autant en hiver qu’en été : 18.5% des logements étaient des passoires thermiques au 1er janvier 2023, pointe l’Ademe. Pour les entreprises et les utilisateurs industriels, la mise en œuvre de mesures d’efficacité énergétique, d’une stratégie de couverture, de flexibilité opérationnelle et de contrats à long terme peut atténuer l’impact de la volatilité des prix de l’électricité. 

L’agence internationale de l’énergie prédit +4% de consommation électrique cette année, contre 2.5% l’année dernière. Les besoins croissants boostés par des géants en développement comme l’Inde impliquent des efforts supplémentaires dans tous les domaines pour une utilisation optimisée de l’énergie. 

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