La puissance apparente est un concept fondamental à maîtriser pour optimiser son contrat d'électricité professionnel.
Elle détermine le montant de l'abonnement et la capacité de soutirage d'un client.
Voici tout ce qu'il faut savoir sur la puissance apparente et comment elle impacte les factures d'électricité des entreprises.
La puissance apparente expliquée : une définition simple
La puissance apparente représente la puissance maximale qu'une installation peut demander au réseau électrique à un instant T. Elle correspond à la puissance souscrite du contrat d'électricité et s'exprime en kilovoltampères (kVA).
Plus concrètement, la puissance apparente est la somme trigonométrique de deux composantes essentielles :
- la puissance active
- la puissance réactive.
Ces trois puissances sont liées selon un rapport appelé "triangle des puissances".
La puissance active : l'énergie réellement consommée
La puissance active (P) est exprimée en kilowatts (kW). C'est l'énergie réellement utile qui produit un travail concret dans l'installation électrique.
Elle se transforme en chaleur, en mouvement ou en lumière. La puissance active correspond à ce que les entreprises consomment véritablement et ce qui est mesuré par les compteurs électriques pour établir les factures énergétiques.
Équipements principalement consommateurs de puissance active
Les appareils qui consomment principalement de la puissance active sont ceux dits "résistifs" :
- Éclairages traditionnels
- Chauffages électriques
- Cuisinières et fours
- Appareils de production de chaleur directs
La puissance réactive : invisible mais essentielle
La puissance réactive (Q) est exprimée en kilovoltampères réactifs (kVAr).
Elle ne produit pas de travail direct mais est nécessaire au fonctionnement de certains équipements, notamment ceux qui disposent de bobinages électromagnétiques.
Tous les appareils équipés de moteurs ou de transformateurs ont besoin de cette puissance réactive pour fonctionner.
Cette puissance réactive permet de générer l'énergie nécessaire pour activer un champ magnétique dans certains appareils.
Si la puissance réactive est trop élevée, les pertes de chaleur augmentent et le rendement global de l'installation diminue.
Une puissance réactive trop élevée peut entrainer des coupures de courant (disjonction) ou des dépassements de puissance, facturés au client.
Les équipements consommateurs de puissance réactive
Les principaux appareils qui consomment de la puissance réactive sont :
- Moteurs électriques (machines-outils, pompes, compresseurs)
- Transformateurs
- Systèmes de réfrigération
- Systèmes informatiques
- Éclairages fluorescents ou LED avec ballast
Minimiser l'impact de la puissance réactive
La puissance réactive est facturée séparément aux grandes industries. Cette puissance, bien que nécessaire, représente une consommation d'énergie qui n'est pas transformée en travail utile.
Pour minimiser l'impact financier de la puissance réactive, les industries peuvent :
- Améliorer les performances de leurs machines
- Installer des batteries de condensateurs pour compensation
- Mettre en place des systèmes de filtrage harmonique
- Optimiser le démarrage séquentiel des équipements lourds
Ces travaux, bien que représentant un investissement initial, permettent de réduire la consommation énergétique et les rejets de CO2.
Ils peuvent être entrepris dans le cadre de différents dispositifs d'aide à la transition énergétique, comme les Certificats d'Economies d'Energie (CEE).
Le facteur de puissance : indicateur d'efficacité énergétique
Le facteur de puissance, également appelé cosinus phi (cos φ), est le rapport entre la puissance active et la puissance apparente.
C'est un indicateur de l'efficacité avec laquelle l'énergie électrique est utilisée.
Plus le facteur de puissance est proche de 1, plus l'installation est efficace énergétiquement. Un facteur faible signifie qu'une grande partie de l'énergie n'est pas convertie en travail utile.
Dans ce cas, il faudra entamer des opérations d'efficacité énergétique pour éviter les gaspillages.
Quelles sont les méthodes de calcul de la puissance apparente ?
Pour calculer la puissance apparente, les professionnels disposent de plusieurs méthodes. Comment est-elle calculée ?
Calcul à partir de la tension et de l'intensité
La méthode la plus directe consiste à multiplier la tension (U) par l'intensité (I) :
S = U × I
- S = Puissance apparente (VA)
- U = Tension (V)
- I = Intensité (A)
Calcul à partir du triangle des puissances
Une autre approche utilise le théorème de Pythagore appliqué au triangle des puissances, en calculant à partir des puissances active (P) et réactive (Q) :
S = √(P² + Q²)
- S = Puissance apparente (VA ou kVA)
- P = Puissance active (W ou kW)
- Q = Puissance réactive (VAr ou kVAr)
Formule spécifique pour les installations triphasées
Pour les installations triphasées, la formule devient :
S = √3 × U × I
Le facteur √3 (environ 1,73) prend en compte la configuration spécifique des trois phases.
Exemple concret de calcul
Prenons l'exemple d'une installation électrique avec :
- Une tension de 230 volts
- Une intensité de 20 ampères
- Un facteur de puissance de 0,8
La puissance apparente sera de S = 230 × 20 = 4600 VA = 4,6 kVA
La puissance active sera de P = S × cos φ = 4600 × 0,8 = 3680 W = 3,68 kW
📚 Lecture complémentaire : Quelle offre d'électricité choisir pour son entreprise ?
Où trouver la puissance apparente de son compteur ?
Sur les documents contractuels
La puissance apparente correspond à la puissance souscrite.
Les professionnels peuvent la trouver sur leur contrat d'électricité ou sur leurs factures d'électricité, généralement dans la section relative à l'abonnement.
Il est possible de faire évoluer la puissance apparente en demandant à son fournisseur d'électricité.
Sur le compteur électrique
Pour les entreprises équipées d'un compteur communicant Linky, cette information est également disponible directement sur l'écran du compteur.
Il suffit de faire défiler l'affichage avec le bouton + jusqu'à voir apparaître la mention "PUISS APP" ou "PUISSANCE SOUSCRITE".
Via la plateforme en ligne d'Enedis
En tant que gestionnaire de réseau, Enedis peut mettre à disposition des consommateurs, un espace client.
Les professionnels peuvent y consulter l'ensemble des caractéristiques de leur raccordement, y compris la puissance souscrite.
Comment optimiser sa facture d'électricité grâce à la puissance apparente ?
Quel est l'impact de la puissance souscrite sur l'abonnement ?
La puissance apparente détermine directement le montant de l'abonnement à l'électricité en kVA, qui constitue la part fixe de la facture.
Plus la puissance souscrite est élevée, plus ce montant forfaitaire sera important.
Pour optimiser cette partie de la facture, les entreprises doivent réaliser une estimation précise de leurs besoins en électricité, en identifiant la puissance maximale qu'elles sont susceptibles d'appeler à un instant T.
Un courtier en énergie comme Le Lab des Énergies peut aider à dimensionner la puissance optimale et à négocier les meilleurs tarifs pour l'abonnement et le prix du kWh.
Quelles sont les conséquences d'un dépassement de puissance ?
Lorsque la quantité d'électricité appelée sur le réseau dépasse la puissance souscrite, les entreprises s'exposent à des conséquences variables selon leur type de compteur :
- Pour les compteurs d'une puissance inférieure ou égale à 36 kVA : le dépassement entraîne une disjonction du compteur, causant une interruption de l'alimentation électrique qui peut perturber significativement l'activité professionnelle.
- Pour les compteurs d'une puissance supérieure à 36 kVA (PME-PMI ou compteurs industriels) : le dépassement n'entraîne pas de coupure mais peut impliquer une surfacturation.
En déterminant la bonne puissance à souscrire, les professionnels évitent ces désagréments et optimisent leurs factures énergétiques.
Comment bien choisir la puissance à souscrire ?
Optimiser le choix de l'abonnement par l'analyse des consommations
Pour déterminer la puissance optimale à souscrire, les entreprises peuvent :
- Analyser l'historique de consommation sur une période significative
- Identifier les pics de consommation et leur fréquence
- Tenir compte des variations saisonnières de l'activité
- Anticiper les évolutions futures du parc d'équipements
Cette analyse permet de choisir la puissance souscrite la plus adaptée aux besoins réels, en évitant le surdimensionnement coûteux tout en prévenant les risques de dépassement.
Choisir entre compteur monophasé et triphasé
Le calcul de la puissance apparente aide également à choisir le type de branchement électrique, de raccordement, lors d'un emménagement dans des locaux neufs. Deux options sont disponibles :
- Un branchement monophasé
- un branchement triphasé.
Caractéristiques du compteur monophasé
Le compteur monophasé dispose d'un circuit électrique unique. Ce type de compteur est généralement suffisant pour la plupart des petites entreprises avec des besoins limités.
Adapté aux petites surfaces et aux activités peu énergivores, il est idéal pour les puissances inférieures à 18 kVA.
Caractéristiques du compteur triphasé
Le compteur triphasé répartit la puissance en trois circuits électriques de dimension égale. Ce type de compteur devient obligatoire lorsque les besoins dépassent 18 kVA de puissance.
Il garantit une meilleure répartition des charges. A ce titre, il est plus adapté aux équipements industriels et aux moteurs. C'est le choix que font la plupart des entreprises, de la PME-PMI aux industries.
Modifier sa puissance souscrite : procédure et conseils
Quand envisager un changement de puissance
Il est tout à fait possible pour une entreprise de modifier la puissance souscrite en cours de contrat. Cette démarche est particulièrement recommandée dans plusieurs situations :
- Lorsque l'entreprise constate des dépassements de puissance réguliers
- Quand la puissance actuelle semble trop importante par rapport aux besoins réels
- Suite à l'acquisition ou au retrait d'équipements électriques significatifs
- En cas d'évolution de l'activité entraînant une modification des besoins énergétiques
- Après la mise en place de mesures d'efficacité énergétique
Quelles démarches administratives pour modifier sa puissance ?
Pour effectuer ce changement, l'entreprise doit suivre plusieurs étapes :
- Contacter son fournisseur d'électricité pour signifier la demande
- Le fournisseur transmettra la demande au gestionnaire du réseau de distribution, à savoir Enedis
- Un technicien pourra intervenir pour adapter le compteur si nécessaire. Ce n'est pas impératif lorsque l'on bénéficie d'un compteur communicant Linky
- Un avenant au contrat sera établi pour refléter la nouvelle puissance souscrite
Attention, cette opération peut parfois nécessiter le remplacement du compteur électrique, notamment si le changement implique un passage de monophasé à triphasé ou inversement.
Le courtier en énergie : un allié pour bien choisir sa puissance
Le Lab' des Énergies accompagne les professionnels dans cette démarche d'optimisation de leur puissance apparente.
Nos experts analysent les consommations réelles, identifient les pics de puissance et déterminent le niveau optimal à souscrire.