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Cop 29 : un accord décevant face aux enjeux climatiques

Quentin Duval
Quentin Duval
2024-12-05
baku
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La Conférence mondiale sur le climat s’est tenue en Azerbaïdjan du 11 au 22 novembre. Alors que les ambitions de financement contre le changement climatique étaient au cœur des discussions, la COP s’est terminée sans accord satisfaisant. Dans un contexte géopolitique tendu, la messe mondiale du climat s’est déroulée dans un pays producteur d’hydrocarbures, qui compte bien tirer profit des tensions autour de l’énergie. 

Un mois après les désastreuses inondations qui ont fait plus de 230 morts dans la région de Valence en Espagne, la Conférence des nations unies sur le climat s’est tenue à Bakou capitale de l’Azerbaïdjan. Pour la première fois, ce pays d’Asie centrale accueillait la grande réunion destinée à établir un plan pour limiter le réchauffement climatique à 1.5°, objectif fixé à Paris en 2015. 

Après deux semaines de négociations, les 200 participants ont accepté un accord de financement de 300 milliards d’euros annuels d’ici 2035 du « Nord » vers le « Sud ». Même si le montant est trois fois supérieur à l’objectif fixé à Copenhague en 2009 (atteint deux ans plus tard), il est bien inférieur aux attentes des pays pauvres.

Les pays du Sud exigent de la part du Nord au moins 1300 milliards de dollars par an. Une somme colossale mais indispensable pour agir rapidement. Certains acteurs espéraient que la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, ne soit plus considérée comme une nation émergente et mette davantage la main au portefeuille.

Le représentant chinois soutient que l’effort principal doit venir des pays développés mais il a annoncé que Pékin visait la neutralité carbone d’ici 2060 et allait augmenter ses efforts nationaux et son financement mondial, sans préciser de budget et de manière uniquement volontaire.

Greenpeace suggère d’imposer une « Taxe destructions climatiques » (CDT) sur les énergies fossiles. Si cette taxe est introduite à hauteur de 5$ par tonne de CO2 au sein des membres de l’OCDE, elle pourrait générer 900 milliards de dollars d’ici 2030.

Création d’un nouveau marché du carbone

Les pays présents à Bakou se sont mis d’accord pour créer un nouveau marché du carbone avec des règles simplifiées pour permettre à des entreprises polluantes de décarboner leurs activités en investissant par exemple dans des projets d’énergies renouvelables ou des forêts sanctuaires. Cette édition d’ailleurs surnommée « la Cop des finances » ne fixe aucun nouvel objectif de réduction des gaz à effet de serre. 

L’urgence climatique est d’ailleurs plus que d’actualité alors que 2024 devrait être l’année la plus chaude jamais enregistrée, d’après l’observatoire européen du climat Copernicus. Selon Greenpeace, les émissions de gaz à effet (GES) de serre devraient être réduites de 60% d’ici 2035 par rapport à 2019, pour respecter la neutralité carbone en 2050.

Sauf qu’après les Emirats arabes unis l’année dernière, la COP se tient une fois de plus dans un État pétro-gazier. Les hydrocarbures représentent 50% des recettes de l’Azerbaïdjan et 90% de ses exportations. L’activiste suédoise Greta Thunberg a qualifié l’événement de « greenwashing », dans une tribune publiée dans The Guardian.

L’Azerbaïdjan, une puissance pétro-gazière

Quelques jours avant l’ouverture de la conférence, le directeur exécutif de la COP, Elnur Soltanov, ministre de l’énergie de l’Azerbaïdjan et membre du conseil d’administration de l’entreprise publique pétrolière Socar, a illustré son désir de développer l’industrie pétro-gazière de son pays.

Piégé par une ONG qui se faisait passer pour un investisseur, le ministre a déclaré dans la vidéo enregistrée :

« Nous avons un certain potentiel de pétrole et de gaz encore à produire, peut-être pour toujours ». Ses propos font écho avec le discours d’ouverture du Président azerbaïdjanais Ilham Aliyev qui avait critiqué les « fake news des médias occidentaux » sur les émissions locales et rappelé que les ressources pétro-gazières étaient un « don de dieu ».

La rhétorique de l’exécutif azerbaïdjanais va à l’encontre du principe fondamental de la COP 28 de Dubaï de sortir des énergies fossiles.

« Comme nous l’avons vu avec les Emirats Arabes Unis l’année dernière, l’hôte de l’événement a un agenda qui ne s’aligne pas avec la justice climatique », considère Marta Schaaf, la responsable du programme pour la justice climatique d’Amnesty International.

Le régime du Caucase est également pointé du doigt pour son non-respect des droits de l’homme et sa répression des voix dissidentes.

Quels étaient les objectifs des COP précédentes ?

L’année dernière à Dubaï, les participants se sont engagés à :

  • Tripler la production d’énergies renouvelables
  • Doubler l’efficacité énergétique
  • Abandonner les énergies fossiles
  • Arrêter la déforestation et replanter des arbres
  • Construire des systèmes alimentaires résilients

L’accord de Paris, le plus ambitieux jusqu’à date, prévoyait également la mise en place d’un fonds d’urgence pour gérer les catastrophes naturelles. Le fonds hébergé par la banque mondiale ne compte que 700 millions de dollars, une goutte d’eau pour faire face aux dégâts dus au réchauffement climatique et estimés à 41 milliards de dollars sur les six premiers mois de l’année par l’ONG Christian Aid.

La grande nouveauté de l’accord de Paris était de mesurer à l’échelle mondiale l’impact du réchauffement climatique et les actions à mener pour y remédier.  Les « global stocktake », ou bilans mondiaux, sont en somme des évaluations mondiales et un guide à suivre d’années en années. A Bakou, les parties ne sont pas parvenues à s’accorder sur la marche à suivre. 

Un accord pauvre sur fond de tensions géopolitiques

L’échec d’un consensus et d’un accord ambitieux est à l’image des tensions géopolitiques au niveau mondial. La COP 29 devait initialement se tenir en Europe de l’Est, mais face aux pressions russes l’Azerbaïdjan a été sélectionné. Ni Emmanuel Macron ni la ministre de l’énergie et la transition écologique Agnès Pannier-Runacher ne se sont rendus à la conférence alors que la France, allié de l'Arménie, déplore l’annexion du Haut-Karabakh par Bakou.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’UE tente de punir Moscou en s’émancipant de son gaz. L’Azerbaïdjan sait aussi qu’il a un rôle majeur à jouer en se substituant à la Russie pour approvisionner l’Europe.

La guerre au Proche-Orient, au Soudan, et le conflit économique entre la Chine et les Etats-Unis ne contribuent pas non plus à trouver un consensus global sur le climat. 

Comment l’élection de Trump peut impacter l’avenir de la planète ?

L’année 2025 débutera avec un Président climatosceptique à la tête du deuxième pays le plus émetteur de GES. Le départ des Etats-Unis des discussions des climatiques amputerait le financement mondial d’un grand contributeur sans parler de l’augmentation des émissions. Le Républicain a annoncé qu’il quitterait de nouveau le protocole des accords de Paris et souhaite relancer les énergies fossiles.

« Dès le premier jour, je vais autoriser des nouveaux projets de forage, de pipelines, des nouvelles raffineries, des centrales électriques et nucléaires, nous allons aller droit au but », avait déclaré le vainqueur lors de sa campagne. Le nouveau chef de la première puissance mondiale rend la pareille aux industriels pétroliers, gaziers et miniers qui auraient donné près de 14 milliards de dollars à sa campagne.

Le prochain résident de la maison blanche promet aussi d’interrompre les projets éoliens offshore et de réduire les budgets des agences de protection de l’environnement ou de surveillance du climat.

Le terrain gagné par des chefs d’Etats climatosceptique menace la collaboration internationale. Deux jours après le début de la conférence, les représentants argentins ont reçu l’ordre de rentrer à Buenos Aires. Le Président Javier Milei considère que « ces politiques qui rendent responsable les hommes du changement climatique sont fausses et cherchent à trouver des fonds pour payer les socialistes fainéants ».

C’est dans ce contexte que les 200 pays participants devront élaborer un meilleur accord plus ambitieux l’année prochaine. La COP 30 se tiendra à Belém au cœur de l’Amazonie, le poumon de la planète déjà en péril.

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