L’intelligence artificielle fait de plus en plus partie de nos usages quotidiens. Elle est la promesse d’une meilleure productivité, d’une optimisation du temps et d’une croissance économique accrue. Mais comme n’importe quelle technologie, l’IA fonctionne avec de l’énergie et sa consommation électrique est gourmande, très gourmande.
Chaque recherche effectuée sur Chat GPT, l’intelligence artificielle développée par Open AI en 2022, représente trois fois plus d’émissions de CO2 qu’une requête sur Google. Une application considérablement énergivore qui vient de dépasser les 100 millions d’utilisateurs par semaine.
L’intelligence artificielle fonctionne comme un super ordinateur, capable d’analyser énormément de données et crée des prédictions, du contenu, à partir de ces données. Plus l’analyse est fine, plus l’IA aura besoin de données et de processeurs rapides.
Les serveurs lui permettant de fonctionner sont plus puissants et nécessitent donc plus d’électricité, plus d’espace et plus d’eau pour refroidir leurs systèmes.
Google a d’ailleurs annoncé que ses émissions de CO2 avaient augmenté de 48% en cinq ans à cause du développement de cette technologie. Une étude de la banque américaine Goldman Sachs prédit par ailleurs que la demande énergétique des datas centers pourrait augmenter de 160% d’ici 2030 et représenter la consommation réunie du Portugal, de la Grèce et des Pays-Bas. Alors qu’ils consomment aujourd’hui 1 à 2% de l’énergie mondiale, ils pourraient représenter 3 à 4% à la fin de la décennie.
Les géants de la tech veulent gagner à tout prix la course à l’IA
Les géants du numérique à commencer par les Gafams (Google, Amazon, Meta, Apple et Microsoft) se sont pourtant tous engagés à réduire leur empreinte carbone. Google et Microsoft avaient promis, avant le boom de l’IA, d’atteindre la neutralité carbone en 2030.
Six ans avant l’échéance, les deux multinationales ont rétropédalé. « L’infrastructure et l’électricité nécessaire pour ces technologies créent de nouveaux défis pour respecter les engagements durables du secteur de la tech », affirme Microsoft dans un rapport publié cette année.
Les bénéfices espérés par cette nouvelle technologie priment sur les objectifs environnementaux. Google veut dominer ce marché et prévoit d’investir 100 milliards de dollars dans la recherche et l’affinement de son outil.
Le spécialiste du cloud Amazon a déclaré l’année dernière avoir atteint son objectif de neutralité carbone sept ans avant la date fixée. Sauf qu’en réalité, Amazon ne décarbone pas forcément sa consommation électrique, mais investit dans des projets d’énergies renouvelables dans le monde.
En sachant que 60% de l’électricité générée aux Etats-Unis provient d’énergies fossiles, l’empreinte écologique de ces géants de la tech est d’autant plus mauvaise.
Comment les cartes-mères plus performantes peuvent conduire à des économies d’énergie ?
Dans leur course à la meilleure intelligence artificielle, les développeurs cherchent aussi à utiliser des cartes mères plus efficaces et des serveurs éventuellement moins énergivores.
En mars, le fabricant de puces électroniques Nvidia a annoncé le lancement d’une nouvelle puce 5 fois plus efficace : Blackwell.
« Ces systèmes sont vingt fois plus efficaces énergétiquement qu’un système traditionnel », avance Joshua Parker, le responsable développement durable dans un post publié sur le site de la marque. Certes, mais comme elles sont plus puissantes, elles nécessitent au final plus d’électricité. Une meilleure efficacité ne signifie pas forcément faire des économies d’énergies. Les performances de Blackwell sont aussi liées à un système de refroidissement liquide directement envoyé dans la puce.
Là aussi, la technologie progresse dans les datas centers pour obtenir les meilleurs résultats avec le moins d’énergie. Les systèmes air/air sont remplacés par des systèmes air/eau ou des brumisateurs. Les villes imposent aussi leurs limites à ces centres énergivores. En 2019, Amsterdam a interdit toute nouvelle construction de data centers pour respecter ses engagements de développement durable.
L’IA peut-elle servir à faire des économies d’énergies et sauver la planète ?
Si l’on considère l’intelligence artificielle comme un outil d’analyse ultra sophistiqué, elle pourrait aussi permettre d’optimiser les flux d’électricité en fonction de la demande et ainsi éviter les pertes sur le réseau. L’enjeu est particulièrement important pour l’énergie renouvelable qui souffre d’un problème de stockage.
A l’échelle d’un bâtiment ou d’une maison, l’IA intégrée à la domotique pourrait s’assurer de la mise à l’arrêt des appareils électronique, régler la température idéale, ou détecter des appareils énergivores.
« L’intelligence artificielle permettrait d’améliorer les prévisions météo et de garantir aux entreprises et aux gouvernements la capacité d’anticiper les ouragans, les inondations ou les sécheresses », avance le responsable du développement durable de Nvidia.
Globalement, les profits économiques de l’IA devraient être mesurés en fonction de leur impact écologique. Les besoins énergétiques croissants des datas-centers doivent aussi questionner notre stockage numérique à travers tous les réseaux sociaux ou les outils liés à Google, Apple ou Amazon. En tant qu’utilisateur, il serait également judicieux de faire régulièrement un grand ménage numérique.