Lors des périodes de forte demande électrique sur le réseau français, il est demandé à certains consommateurs, avec leur accord et moyennant finance, de réduire leur demande d’énergie. On appelle ce mécanisme l’effacement électrique. Mais comment fonctionne vraiment ce mécanisme et quels sont les avantages pour les acteurs du système ? Voici des éléments de réponse si vous souhaitez que votre entreprise devienne un acteur de ce système d'équilibrage du réseau électrique français.
L’effacement de consommation est défini par l’article L 271-1 du Code de l’énergie comme suit : “Un effacement de consommation d'électricité se définit comme l'action visant à baisser temporairement, sur sollicitation ponctuelle envoyée à un ou plusieurs consommateurs finals par un opérateur d'effacement ou un fournisseur d'électricité, le niveau de soutirage effectif d'électricité sur les réseaux publics de transport ou de distribution d'électricité d'un ou de plusieurs sites de consommation.”
Il est donc un outil de régulation du réseau électrique. Il consiste à diminuer ponctuellement le niveau de soutirage sur les réseaux de transport et de distribution d’électricité des sites de consommation. Les effacements sont donc logiquement programmés à l’avance avec tous les acteurs du mécanisme du maintien de l’équilibre électrique.
L’électricité produite est difficilement stockable. Pour conserver un équilibre entre production et consommation, il faut mettre en place un équilibrage minutieux en temps réel afin d’éviter de produire des électrons à perte. L’effacement électrique apparaît alors comme une solution efficace à cette problématique lors des pics de consommation. On retrouve deux sortes d’effacement dans ce système :
Il consiste à réduire ou à reporter la consommation électrique d’un ou plusieurs sites. L’entreprise s’engage ici à stopper son process ou à basculer en autoconsommation afin de “soulager” le réseau. Ainsi, les moyens de productions appelés lors des périodes de pointe, souvent émetteurs de CO2 et onéreux, ne sont pas activés. Ce type d’effacement peut être mis en place directement par l’industriel ou par l’intermédiaire d’un agrégateur ou d’un fournisseur.
Il s’agit de l’addition (ou agrégation) de plusieurs petits effacements de consommation temporaires réalisés simultanément sur différentes structures et différents sites professionnels mais aussi particuliers. Ils sont effectués par l’intermédiaire d’un gestionnaire d'effacement (agrégateur) ou d’un fournisseur.
À savoir :
- En 2021, 30% des réserves rapides et complémentaires sont fournies par des capacités d'effacement.
- L'année 2022 représente un volume d'effacement de 17,6 GWh (RTE).
Aussi appelé “opérateur d’effacement”, l’agrégateur gère la production de certaines centrales et la consommation des sites industriels concernés. En réalité, il sert d’intermédiaire entre le producteur et le marché de l’électricité. Après l’obtention d’agrément d’opérateur d’effacement et de responsable d'équilibre auprès du réseau de transport RTE, il gère l’équilibre entre l’offre et la demande en électricité sur le réseau électrique. On recense à ce jour 21 opérateurs d’effacement en France.
"L’agrégateur est le garant de la résilience du réseau électrique lors des pics de consommation"
Un agrégateur agît tant sur la production que sur la consommation. Il est donc en contact avec des producteurs d’électricité pour la mise à disposition de leur capacité électrique et/ou des sites industriels pour solliciter leur flexibilité. Il pourra ainsi revendre la surproduction sur le marché lorsque le besoin sur le réseau est faible.
Ce mécanisme est à la fois synonyme d’économies et de performance en apportant de la flexibilité dans un système structurellement tendu. Il permet d’éviter de recourir systématiquement à des moyens de production thermique (les centrales) plus polluants et coûteux lors des pics de consommation. De plus, lorsqu’une entreprise devient un opérateur d’effacement, elle est rémunérée. Et enfin, le bénéfice à l'échelle macro est de minimiser le risque de black-out sur les réseaux électriques, et de toutes les conséquences négatives associées.
Effacement = Stabilité du réseau + meilleure intégration des énergies renouvelables + baisse des rejets de CO2 et des gaz à effet de serre.
La valorisation des effacements électriques (l’électricité non consommée) peut s’effectuer de 3 manières différentes. Elles sont régies par le code de l’énergie.
Barème forfaitaire NEBEF (2023)
⚡️ L’effacement industriel est un contrat entre une entreprise et RTE ou un agrégateur.
⚡️ Les sites industriels s’engagent à arrêter de soutirer de l’électricité au réseau à certains moments de l'année, selon un calendrier défini à l'avance.
⚡️ L’effacement contribue à la stabilité du réseau électrique et à éviter les pannes ou les black-out.
⚡️ Il représente une solution plus éco responsable et moins polluante grâce à l’utilisation des centrales de production EnR et en évitant la surproduction des centrales à énergie fossile.
⚡️ L’effacement électrique permet de réduire la demande en période de pointe, et de lisser ces pointes de consommation ce qui limite la hausse des coûts de production de l'électricité.
⚡️ Il diminue les contraintes d’acheminement et de stockage sur le réseau électrique même si ce dernier est plus que limité en matière d’électricité.
⚡️ Il apporte une meilleure flexibilité de la consommation électrique.
⚡️ L’effacement électrique aboutit à des économies pour le consommateur qui s’efface car il obtient une rémunération en contrepartie.
Comment est valorisé l’effacement ?